Actes de violence contre les femmes et violences sexuelles – Vers la transition – Province Orientale

Section II > CHAPITRE I. Actes de violence commis contre les femmes et violences sexuelles > E. Janvier 2001-juin 2003  : Vers la transition > Province Orientale

En province Orientale, les femmes ont été victimes de violences sexuelles commises à grande échelle à partir de l’occupation du sud de la province par le RCD-G, dans le cadre du conflit en Ituri et pendant les opérations militaires menées par l’ALC (l’armée du MLC) et ses alliés contre le RCD-ML et son armée, l’Armée du peuple congolais (APC) 1122.

Des éléments de l’ANC/APR se seraient livrés à de nombreux viols, notamment dans le cadre des attaques contre la population civile dans plusieurs villages près de Masimango, dans le territoire d’Ubundu, visant à la réprimer pour son supposé soutien aux groupes Mayi-Mayi1123, ou lors d’incidents isolés, notamment dans le territoire d’Opala1124. Lors de la répression brutale de la mutinerie de Kisangani le 14 mai 2002, des éléments de l’APR défendant le RCD-G auraient commis de nombreux viols dans la commune de Mangobo et aux alentours de l’aéroport, ont enlevé des femmes pour les violer à l’aéroport et commis des actes de mutilations sexuelles sur des hommes1125.

Les violences intercommunautaires qui avaient éclaté en Ituri en 1999 ont particulièrement touché les femmes, avec une recrudescence de violence provoquée par le surarmement des groupes politico-militaires issus des groupes de miliciens et groupes d’autodéfense hema et lendu dans les années 2001–2002. Durant ce conflit destructeur, la violence sexuelle a été une composante importante des attaques respectives de ces rivaux ethniques et politiques1126.

De nombreux viols auraient ainsi été perpétrés par les milices lendu devenues ensuite le FNI et le FRPI et par les Hema de l’UPC au cours des combats successifs pour la prise de Bunia. Femmes et fillettes auraient été enlevées et emmenées dans des locaux militaires ou des villas pour y être violées par des éléments de l’UPC. À Songolo et Nyakunde, les femmes et les filles auraient systématiquement été violées et des centaines d’autres auraient été réduites en esclavage par les assaillants lors des attaques violentes que l’UPC et les milices ngiti et lendu ont respectivement menées sur ces localités. En mai 2003, les miliciens lendu, appuyés par l’APC (armée du RCD-ML) dans leur offensive contre l’UPC pour le contrôle de Bunia, se seraient livrés à des mutilations et des actes de torture de nature sexuelle. Les cas de mutilations sur le corps des femmes ont été fréquents lors des attaques menées par les deux camps. Par exemple, à Fataki en mars 2000, des cadavres de Hema ont été retrouvés dans les rues, les bras liés, un bâton dans l’anus et certaines parties du corps, telles que les oreilles, tranchées. Après l’attaque de Nizi dans la collectivité Mambisa par le FNI et les FAPC en juin 2003, 22 corps, principalement de femmes et d’enfants, ont été retrouvés à Nizi. Les corps étaient mutilés, éventrés et dépossédés de leurs organes, dont les organes génitaux1127.

Pendant les nombreuses offensives menées sur des populations civiles par les éléments du FNI et de l’UPC, de nombreuses jeunes filles, parfois âgées d’une dizaine d’années seulement, et des femmes ont été réduites à l’esclavage sexuel. Les viols étaient d’ailleurs encouragés quand ils n’étaient pas directement ordonnés par la hiérarchie militaire de l’UPC1128. En mars 2003, dans la région minière de Kilo et de Mongbawbu, les membres du FNI auraient commis des viols et réduit des Hema en esclavage. Ils auraient coupé les seins et les parties génitales des femmes hema et nyali trop épuisées pour porter leurs colis1129. Entre mai 2003 et décembre 2003, l’antenne de Médecins sans ethniques et politiques1126.

De nombreux viols auraient ainsi été perpétrés par les milices lendu devenues ensuite le FNI et le FRPI et par les Hema de l’UPC au cours des combats successifs pour la prise de Bunia. Femmes et fillettes auraient été enlevées et emmenées dans des locaux militaires ou des villas pour y être violées par des éléments de l’UPC. À Songolo et Nyakunde, les femmes et les filles auraient systématiquement été violées et des centaines d’autres auraient été réduites en esclavage par les assaillants lors des attaques violentes que l’UPC et les milices ngiti et lendu ont respectivement menées sur ces localités. En mai 2003, les miliciens lendu, appuyés par l’APC (armée du RCD-ML) dans leur offensive contre l’UPC pour le contrôle de Bunia, se seraient livrés à des mutilations et des actes de torture de nature sexuelle. Les cas de mutilations sur le corps des femmes ont été fréquents lors des attaques menées par les deux camps. Par exemple, à Fataki en mars 2000, des cadavres de Hema ont été retrouvés dans les rues, les bras liés, un bâton dans l’anus et certaines parties du corps, telles que les oreilles, tranchées. Après l’attaque de Nizi dans la collectivité Mambisa par le FNI et les FAPC en juin 2003, 22 corps, principalement de femmes et d’enfants, ont été retrouvés à Nizi. Les corps étaient mutilés, éventrés et dépossédés de leurs organes, dont les organes génitaux1127.

Pendant les nombreuses offensives menées sur des populations civiles par les éléments du FNI et de l’UPC, de nombreuses jeunes filles, parfois âgées d’une dizaine d’années seulement, et des femmes ont été réduites à l’esclavage sexuel. Les viols étaient d’ailleurs encouragés quand ils n’étaient pas directement ordonnés par la hiérarchie militaire de l’UPC1128. En mars 2003, dans la région minière de Kilo et de Mongbawbu, les membres du FNI auraient commis des viols et réduit des Hema en esclavage. Ils auraient coupé les seins et les parties génitales des femmes hema et nyali trop épuisées pour porter leurs colis1129. Entre mai 2003 et décembre 2003, l’antenne de Médecins sans frontières de Bunia a soigné 822 victimes de viols âgées de 13 à 25 ans1130.

Dans le cadre de l’opération « Effacer le tableau » qui s’est déroulée entre la province Orientale et le Nord-Kivu, les troupes de l’ALC/MLC auraient commis viols et violences sexuelles de façon systématique et généralisée, en particulier lors de violents affrontements avec l’APC/RCD-ML. Des viols et des mutilations sexuelles auraient ainsi été commis par l’ALC/MLC dans la zone autour de Madesi et de Masebu (territoire de Rungu) dans le contexte des affrontements qui opposaient les armées du MLC et du RCD-N à celle du RCD-ML en juillet-août 20021131. Les femmes pygmées de la région ont payé un lourd tribut lors de la progression du MLC, du RCD-N et de l’UPC vers Beni et Butembo puis pendant leur retraite. Quelque 70 viols ont été commis lors de la prise et de l’occupation de la ville de Mambasa et des villages environnants. Au nom de superstition et de croyances rituelles abjectes, les femmes pygmées ont été violées, assassinées, éventrées, parfois même mangées1132. D’autres viols auraient été commis par des militaires de l’ALC/MLC et de l’APC/RCD-ML dans le courant de l’année 2002, par exemple dans le territoire de Watsa, au niveau des lignes séparant les zones contrôlées par le RCD-N en coalition avec le MLC et celle de l’APC/RCD-ML et du FAPC1133, par des militaires de ces camps1134.

1122 Pour plus de détails sur le contexte politique voir Section I, chapitre II.
1123 Entretiens avec l’Équipe Mapping, province Orientale, décembre 2008 et janvier 2009; Groupe justice et libération, « Massacres des populations civiles dans les villages de Masimango, Kababali et Abali », 2001; Mémorandum de FOCDP au Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, 2001.
1124 Entretiens avec l’Équipe Mapping, province Orientale, janvier 2009.
1125 Entretiens avec l’Équipe Mapping, province Orientale, décembre 2008; Onzième rapport du Secrétaire général sur la MONUC (S/2002/621); Rapport de la Rapporteuse spéciale sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires sur sa mission en RDC (E/CN.4/2003/3/Add.3); François Zoka, Pierre Kibaka, Jean-Pierre Badidike, « Vraie ou fausse mutinerie de Kisangani et le massacre des populations civiles », 2002; FIDH–ASADHO–Ligue des électeurs–Groupe Lotus, « État des libertés et des droits de l’homme en RDC à l’aube de la transition », 2003; HRW, « Crimes de guerre à Kisangani », août 2002.
1126 Tout ce qui suit est tiré des sources suivantes: Entretiens avec l’Équipe Mapping, Ituri, mars à mai 2009; Rapport intérimaire de la Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme en RDC (A/58/534); Rapport spécial de la MONUC sur les événements d’Ituri (janvier 2002-décembre 2003) [S/2004/573]; Transcription des audiences dans l’affaire Le Procureur c. Thomas Lubanga Dyilo, n° ICC-01/04-01/06, 3 février 2009; HRW, «Ituri, couvert de sang» 2003; HRW, «Le fléau de l’or», 2005; AI, « Au bord du précipice : aggravation de la situation des droits humains et de la situation humanitaire en Ituri », 2003; AI, « Ituri: A need for protection, a thirst for justice », 2003; FIDH, « Persévérance de la haine ethnique et des violations massives et systématiques des droits de l’homme à Bunia », 2003; Lisette Banza Mbombo, Christian Hemedi Bayolo et Colette Braeckman, « Violences sexuelles contre les femmes, crimes sans châtiment », 2004; U.S. Department of State, Country Reports on Human Rights Practices, 2003.
1127 Ibid.
1128 Voir transcription des audiences du procès Lubanga (ICC-01/04-01/06), 27 février 2009.
1129 Tout ce qui suit est tiré des sources suivantes: Entretiens avec l’Équipe Mapping, Ituri, mars à mai 2009; Rapport de la Rapporteuse spéciale (A/58/534); Rapport spécial sur les événements d’Ituri (S/2004/573); Transcription des audiences dans l’affaire Le Procureur c. Thomas Lubanga Dyilo, n° ICC-01/04-01/06, 3 février 2009; HRW, « Ituri, couvert de sang», 2003; HRW, « Le fléau de l’or », 2005; AI, « Au bord du précipice : aggravation de la situation des droits humains et de la situation humanitaire en Ituri », 2003; AI, « Ituri: A Need for Protection, a Thirst for Justice », 2003; FIDH, « Persévérance de la haine ethnique et des violations massives et systématiques des droits de l’homme à Bunia », 2003; Lisette Banza Mbombo, Christian Hemedi Bayolo et Colette Braeckman, « Violences sexuelles contre les femmes, crimes sans châtiment », 2004; U.S. Department of State, Country Reports on Human Rights Practices, 2003.
1130 MSF, « Stop à la violence sexuelle comme arme de guerre ! », 2004.
1131 Entretiens avec l’Équipe Mapping, province Orientale, janvier et février 2009; Voix des Opprimés, Rapport sur les événements du Haut-Zaïre entre 1993 et 2003, 2008.
1132 Entretiens avec l’Équipe Mapping, province Orientale, novembre 2008; Rapport de l’Équipe spéciale d’enquête sur les événements de Mambasa (S/2003/674); Rapport spécial de la MONUC sur les événements d’Ituri (janvier 2002-décembre 2003), [S/2004/573]; Minority Rights Group International, « Effacer le tableau: Rapport de la mission internationale de recherche sur les crimes commis, en violation du droit international contre les Pygmées bambuti dans l’est de la RDC », 2004; HRW, « Ituri: couvert de sang», 2003; Lisette Banza Mbombo, Christian Hemedi Bayolo et Colette Braeckman, « Violences sexuelles contre les femmes, crimes sans châtiment », mars 2004; J. P. Remy, « Actes de cannibalisme au Congo », 2002.
1133 Les « Forces armée populaire du Congo » était un groupe armé actif dans les territoires d’Aru et de Mahagi dans le district de l’Ituri.
1134 Entretiens avec l’Équipe Mapping, province Orientale, janvier et février 2009.