Deuxième Guerre – Attaques contre les civils tutsi – Kasaï et Maniema

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5. Kasaï occidental

326. Comme dans les autres provinces, après le déclenchement de la deuxième guerre, les services de sécurité restés fidèles au Gouvernement de Kinshasa et les FAC auraient arrêté et exécuté un nombre indéterminé de militaires rwandais et des civils tutsi ou d’origine rwandaise ainsi que des personnes leur ressemblant. Au cours de la période considérée, plusieurs militaires ex-FAZ accusés d’agir en collusion avec l’APR et l’ANC ont également été exécutés. L’incident allégué suivant a été documenté :

  • Entre août 1998 et janvier 1999, à Kananga, des FAC de la 20e brigade ont fait disparaître environ 80 militaires tutsi mis hors de combat et tué au moins sept militaires ex-FAZ désarmés et un nombre indéterminé de civils, accusés pour la plupart de collaborer avec l’APR et l’ANC. Les exécutions ont eu lieu dans le camp de l’École de formation des officiers de Kananga (EFO). Les corps des victimes ont ensuite été mis dans des sacs et jetés dans la rivière Lulua. Dans la nuit du 27 au 28 décembre 1998, par exemple, 10 personnes ont été sorties de leurs cachots du camp EFO et tuées à coups de marteau501.

6. Maniema

327. Après le déclenchement de la deuxième guerre, des affrontements ont éclaté à Kindu entre les militaires des FAC restés fidèles au Président Kabila et ceux ayant choisi de se mutiner. Dans un premier temps, les militaires loyalistes sont parvenus à mettre en fuite les mutins. Comme dans l’ensemble des provinces encore sous contrôle de Kinshasa, les services de sécurité du Président Kabila ont multiplié les attaques contre les Tutsi et les civils d’origine rwandaise en général.

328. Depuis la période coloniale, de nombreux originaires du Rwanda et du Burundi s’étaient installés à Kalima pour travailler dans les mines de la région. L’incident allégué suivant a été documenté :

  • Le 18 août 1998, dans les environs de la ville de Kalima, dans le territoire de Pangi, des éléments des FAC restés loyaux au Président Kabila ont tué au moins 133 civils d’origine rwandaise, parmi lesquels une majorité de Tutsi. La plupart des victimes ont été exécutées par balle au niveau de la centrale de Rushurukuru et dans la ville de Kakula502.

7. Kasaï oriental

  •  À compter d’août 1998, à Mbuji Mayi, les services de sécurité auraient arrêté arbitrairement et tué un nombre indéterminé de Tutsi, de personnes d’origine rwandaise et de personnes leur ressemblant. En novembre 1999, ils auraient arrêté au moins une dizaine de Tutsi qu’ils auraient ensuite transférés dans la prison de Makala à Kinshasa, puis au camp de réfugiés de la commune de Mont-Ngafula où ils seraient restés jusqu’en 2001. Des Tutsi et des personnes d’origine rwandaise aurait également été transportés à Kananga à bord d’un camion. Le 10 octobre 1999, l’ANR a arrêté un défenseur des droits de l’homme engagé dans la protection de la communauté tutsi et rwandaise de Mbuji Mayi. L’activiste a ensuite été transféré au quartier général de l’ANR, à Kinshasa, où il a été détenu arbitrairement pendant plusieurs mois dans des conditions cruelles, inhumaines ou dégradantes. Sur pression des ONG de défense des droits de l’homme, du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en RDC et des medias, il a toutefois été libéré le 6 janvier 2000503.

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501501 Entretien avec l’Équipe Mapping, Kasaï occidental, avril 2009
502 Entretiens avec l’Équipe Mapping, Maniema, mars 2009.
503 Entretien avec l’Équipe Mapping, Kasaï oriental, mars-avril 2009.