Deuxième Guerre – Attaques contre les civils tutsi – Nord-Kivu et Province Orientale

2. Nord-Kivu

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319. Lors du déclenchement de la deuxième guerre, en août 1998, les militaires de la 10e Brigade des FAC se sont mutinés et la ville de Goma est tombée aux mains du RCD sans véritable combat. Le 14 septembre, toutefois, des Mayi-Mayi et des ex-FAR/Interahamwe ont lancé une offensive contre plusieurs quartiers de la ville. L’incident allégué suivant a été documenté :

  • Le 14 septembre 1998, des ex-FAR/Interahamwe ont tué plus d’une centaine de civils à Goma, dont de nombreux Tutsi, notamment des femmes et des enfants. Les ex-FAR/Interahamwe ont notamment tué une dizaine de mineurs ainsi qu’un nombre indéterminé de femmes, tous d’ethnie tutsi, dans un orphelinat du quartier Katindo. Dans le même quartier, ils ont tué des civils chez qui, peu de temps avant l’attaque, des Tutsi déplacés par la guerre avaient séjourné. Les victimes ont été tuées par balle ou à coups de bâton clouté. Leurs corps ont été enterrés par la Croix-Rouge dans le cimetière de Goma492

4. Province Orientale

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324. Entre le 31 juillet et le 1er août 1998, à la suite de la décision prise par le Président Kabila de renvoyer chez eux les militaires de l’APR, les troupes rwandaises stationnées à Kisangani ont été acheminées sur l’aéroport de Bangboka. Certains de ces militaires ont cependant refusé d’embarquer et sont restés au niveau de l’aéroport où se trouvaient également des militaires des ex-FAZ en attente de partir pour le centre de recyclage de la base de Kamina, au Katanga. Après le déclenchement de la deuxième guerre, le 2 août 1998, des combats ont éclaté pour le contrôle de l’aéroport de Bangboka entre les militaires de l’APR et les FAC restés fidèles au Président Kabila (les Tigres Katangais et les Mayi-Mayi incorporés dans les FAC). Du fait du ralliement des ex-FAZ à la cause du Président Kabila, les FAC sont parvenus à garder le contrôle de la ville et de l’aéroport et à empêcher l’APR d’envoyer des renforts par avion. Le 21 août, cependant, les militaires de l’ANC/APR/UPDF ont lancé une opération terrestre le long de l’axe Lubutu. Après d’intenses combats, les FAC ont dû quitter Kisangani et, le 23 août, la ville est passée sous le contrôle des militaires de l’ANC/APR/UPDF. L’incident allégué suivant a été documenté :

  • Entre le 2 et le 23 août 1998, les services de sécurité [Police nationale congolaise (PNC) et FAC] fidèles au Président Kabila et des civils recrutés dans les milices d’autodéfense ont tué au moins plusieurs dizaines de personnes tutsi, d’origine rwandaise ou leur ressemblant physiquement. Certaines victimes ont été lapidées ou tuées à l’arme blanche, notamment dans les communes populaires de Mangobo et Kabondo. Dans certains cas, la police est intervenue pour protéger les victimes en danger. Dans d’autres cas, les victimes ont été conduites dans des résidences privées pour y être torturées et exécutées. Les corps ont été soit jetés dans le fleuve Congo ou bien enterrés dans des fosses communes autour de l’aéroport de Simi-Simi, à proximité de la résidence du Gouverneur. Lors des arrestations, les forces de sécurité et les miliciens ont aussi pillé systématiquement les biens des victimes499.

325. La persécution contre les Tutsi et les Rwandais en général a eu lieu dans plusieurs autres villes de la province Orientale. À titre d’exemple, l’Équipe Mapping a pu documenter le cas allégué suivant.

  • Dans la nuit du 28 au 29 août 1998, des FAC ont tué six civils tutsi, dont deux mineurs, à 13 kilomètres au sud d’Isiro, au niveau du pont sur la rivière Neva, dans le territoire de Rungu. Les victimes étaient accusées d’agir en collusion avec l’APR. Leurs corps ont ensuite été jetés dans la rivière500.

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491 Entretiens avec l’Équipe Mapping, Nord-Kivu, février et mars 2009; AZADHO, « RDC: Le pouvoir à tout prix. Répression systématique et impunité », Rapport annuel, 1998, p. 16; Solidarité pour la promotion sociale et la paix (SOPROP), « La situation des droits de l’homme dans la ville de Goma et ses environs depuis l’éclatement de la rébellion jusqu’au 21 septembre 1998 », 1998, p. 10.