C. Attaques contre les autres populations civiles – Nord Kivu

Ville de Goma

270. Après avoir pris le contrôle du camp militaire de Rumangabo, entre Goma et Rutshuru, à proximité de la frontière avec le Rwanda, les troupes de l’AFDL/APR ont lancé le 29 octobre 1996 une attaque sur Goma. Dans ce contexte, l’Équipe Mapping a documenté les incidents allégués suivants :
  • Entre le 29 octobre et le 1er novembre 1996, les combats pour le contrôle de Goma, ont causé la mort d’un nombre indéterminé de civils. Au cours de ces combats, des militaires des FAZ ont commis de nombreux actes de pillage318.
  • Après la prise de Goma, le 1er novembre 1996, des troupes de l’AFDL/APR ont tué ou fait disparaître un nombre indéterminé de civils, parmi lesquels de nombreux membres influents de la communauté banyarwanda hutu. Ils ont aussi tué plusieurs éléments des FAZ hors d’état de combat, dont des militaires en traitement à l’Hôpital général de Goma319. Au cours de la semaine du 2 au 9 novembre, l’Équipe d’urgence de la biodiversité (EUB)320 a ramassé 776 corps dans les rues de la ville. Certaines victimes avaient été tuées par des balles perdues mais d’autres avaient été exécutées délibérément. Les troupes de l’AFDL/APR se sont aussi livrées à un pillage systématique de la ville, s’attaquant même aux dépôts et aux bureaux des organismes humanitaires comme le CICR et à ceux des organismes des Nations Unies comme le PAM et le HCR321.
271. Malgré la prise de Goma par les forces de l’AFDL/APR, les ex-FAR/Interahamwe du camp de Mugunga sont restés actifs dans les environs de la ville. Le 3 novembre 1996, ils ont pillé des véhicules ainsi que des biens du Grand séminaire de Buhimba, dans la périphérie de Goma.
  • Le 6 novembre 1996, des éléments des ex-FAR/Interahamwe et des bandits armés zaïrois auraient tué trois religieux tutsi au niveau du Grand séminaire de Buhimba, non loin du camp de réfugiés de Mugunga. Les victimes – deux abbés et une sœur – n’avaient pas pu s’enfuir du Grand séminaire lors de l’attaque du bâtiment, le 3 novembre. Après être restées cachées pendant trois jours, elles ont été arrêtées et tuées alors qu’elles cherchaient de l’eau et de la nourriture. Une quatrième personne d’ethnie tutsi a pu être sauvée322.
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318 Rapport de l’Équipe d’enquête du Secrétaire général sur les violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire en RDC (S/1998/581), annexe, p. 39 et 47; Rapport du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Zaïre (E/CN.4/1997/6/Add.2), p. 7.
319 Entretien avec l’Équipe Mapping, Nord-Kivu, mars 2009.
320 Équipe d’urgence de la biodiversité (EUB), Rapport final des activités de ramassage et inhumation de corps », février 1997. EUB était une ONG congolaise qui travaillait sur la problématique des répercussions sur l’environnement (par exemple déforestation) causées par la présence d’un tel nombre de réfugiés sur l’environnement de la région. Cette ONG avait été contractée pour enterrer les cadavres dans les environs de Goma.
321 Entretiens avec l’Équipe Mapping, Nord-Kivu, novembre 2008.
322 Entretiens avec l’Équipe Mapping, Nord-Kivu, novembre 2008 et mars 2009.